La dernière édition du Rapport biennal sur les femmes africaines publiée ce lundi 03 octobre, révèle des « obstacles persistants » dans le secteur de la finance numérique qui limitent l’autonomisation économique des femmes en Afrique, tout en recommandant des réponses politiques pour les surmonter.
Le Rapport 2021 sur les femmes africaines est une publication phare biennale de la CEA. La dernière édition se concentre sur « Les écosystèmes de la finance numérique – Les voies de l’autonomisation économique des femmes en Afrique ».
Commandé par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), le rapport analyse l’écosystème de la finance numérique en Afrique pour examiner toutes ses composantes et leur impact sur les perspectives économiques des femmes.
Le rapport identifie cinq problèmes clés affectant l’utilisation de la finance numérique en tant que catalyseur de l’autonomisation économique des femmes en Afrique. Premièrement, bien qu’il y ait plus de services d’argent mobile que partout ailleurs dans le monde, l’accès des femmes aux services numériques, mobiles et Internet en Afrique est limité en raison de l’analphabétisme, du coût, du manque de compétences et des normes sociales.
Deuxièmement, alors que des progrès impressionnants sont réalisés dans l’amélioration des compétences des femmes en finance numérique, l’Afrique est à la traîne par rapport aux autres régions. Par exemple, la part des femmes ayant des compétences en finance numérique en Afrique du Nord a doublé, passant de 12,5 % en 2014 à 25,7 % en 2018, dépassant la moyenne mondiale d’environ 20 %. Cependant, le même chiffre n’est que de 12 % pour l’ensemble du continent.
Troisièmement, seulement 33 % des femmes en Afrique ont un compte bancaire formel contre 43 % des hommes. Cet écart, associé à un accès limité aux actifs économiques, accroît la vulnérabilité des femmes et leur exclusion des secteurs rentables et des emplois formels. Quatrièmement, les normes sociales ainsi que les préjugés inhérents aux pratiques, produits et services financiers ont un impact négatif sur les femmes.
Enfin, le manque de participation des femmes aux processus de prise de décision, ainsi que dans les domaines financier et technologique, signifie que les politiques et les produits financiers numériques sont peu susceptibles d’inclure les perspectives des femmes et de répondre à leurs besoins.
En outre, dans certains pays africains, les femmes sont neuf fois moins susceptibles d’avoir une pièce d’identité formelle que les hommes, ce qui les empêche d’accéder, de posséder et d’utiliser les services financiers numériques librement et en toute sécurité.
Parlant du rapport, Mme Edlam Yemeru, Directrice par intérim de la Division Genre, pauvreté et politique sociale de la CEA, a déclaré : « L’Afrique est un leader mondial dans plusieurs technologies transactionnelles telles que l’argent mobile, mais il reste encore beaucoup à faire pour développer la finance numérique et garantir que les femmes puissent profiter pleinement des opportunités qui en résultent. Cela nécessite de lever un certain nombre d’obstacles liés à la connectivité, à la littératie numérique, au coût, aux lois et à la culture.
Elle a poursuivi: « Notre rapport adopte une approche holistique en examinant l’écosystème de la finance numérique et définit les options politiques pour que les gouvernements développent davantage le secteur et accélèrent l’inclusion financière tout en ouvrant la voie à l’autonomisation économique des femmes – ne laissant personne de côté. »
Le rapport présente 10 réponses politiques que les gouvernements doivent envisager pour s’assurer que leur écosystème numérique national soutient, et non défie, l’autonomisation économique des femmes.
Les réponses spécifiques incluent donner la priorité à la représentation des femmes dans le secteur, perfectionner les personnes – en particulier les femmes – dans la finance numérique, réformer les lois pour une plus grande utilisation de l’argent mobile et concevoir des politiques sensibles au genre qui combinent la technologie avec le développement social.
Le rapport propose que des données ventilées par sexe sur l’utilisation d’Internet, la possession de téléphones portables et la littératie financière fassent partie des enquêtes nationales auprès des ménages afin d’éclairer la conception des politiques pertinentes.
Il recommande en outre d’intégrer des cadres de finance numérique dans les plans de développement nationaux et de travailler avec les bureaux de crédit pour remédier au potentiel de préjugés sexistes inhérents aux systèmes d’évaluation du crédit.
Enfin, le rapport exhorte les pays africains à établir des cadres régionaux de réglementation et de justice de la finance numérique en utilisant la zone de libre-échange continentale africaine comme plate-forme pour permettre les identités numériques et améliorer la coopération transfrontalière.