Le projet de loi de finance initiale (LFI) 2024 qui sera soumis prochainement aux députés pour examen et adoption, devrait atteindre un montant de 7 000 milliards de FCFA, soit un quasi triplement en 12 ans du budget initial 2012, qui était de 2 344,8 milliards FCFA.
Le ministre des Finances et du Budget, détaille, dans un entretien accordé au magazine sénégalais, Lejecos, les grandes orientations du projet de loi de finances à venir, estimant qu’elles sont centrées principalement autour du renforcement de la résilience des finances publiques.
« Cela se fera d’une part, à travers la mise en œuvre d’une stratégie de consolidation budgétaire et la poursuite des efforts entamés en vue d’améliorer l’efficacité des dépenses de l’Etat et, d’autre part, à travers la transparence dans la gestion des finances publiques et la satisfaction de la demande sociale, qui est la clé de voûte des priorités sectorielles à inscrire dans les stratégies sectorielles », explique Mamadou Moustapha Bâ.
A travers le levier d’actions de « renforcement de la résilience des finances publiques »,a-t-il noté, le Gouvernement entend cumulativement, préserver la viabilité des finances publiques, d’une part, améliorer la notation souveraine de la dette publique d’autre part, et enfin, reconstituer les marges de manœuvre budgétaire érodées par les multiples chocs auxquels l’économie sénégalaise a fait face, afin de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2025.
« Cette résilience des finances publiques devra nécessairement passer par la mise en œuvre de la Stratégie de Recettes à Moyen Terme (SRMT) qui permettra d’atteindre à l’horizon 2024, un taux de pression fiscale de 20% »
Pour rappel, cette SRMT est arrimée aux objectifs de la politique économique. Elle fédère et coordonne l’action des régies de recettes pour une mobilisation efficiente des ressources publiques.
Concernant la mobilisation des ressources extérieures, Mamadou Moustapha Bâ explique que le gouvernement compte intensifier les efforts pour améliorer considérablement le niveau d’absorption des fonds. A cet effet, a-t-il précisé, il continuera à mener un plaidoyer auprès des partenaires au développement pour un assouplissement des conditionnalités et une simplification des procédures de décaissement. La même diligence sera observée pour une mise en œuvre de la règlementation nationale, notamment, en matière de passation de marchés, a ajouté Bâ.
En matière de dépenses, le ministre des Finances et du Budget souligne que le gouvernement s’engage à mettre en œuvre la feuille de route publiée en janvier 2023. Celle-ci vise à réduire progressivement les subventions à l’énergie à l’horizon 2025. Elles devraient ainsi être plafonnées à 2,7% du PIB en 2023 et à 1% en 2024.
Aussi, il continuera, également, de veiller à l’efficacité de la dépense publique en dégageant des marges budgétaires suffisantes pour augmenter substantiellement les efforts de protection sociale et le soutien à l’emploi, mais aussi l’insertion socio-économique des jeunes.
Concernant les dépenses courantes, Bâ précise que l’option de rationalisation retenue sera renforcée et poursuivie avec la réduction du train de vie de l’État et de son mode de gestion. A ce propos, une priorité sera accordée à certaines dépenses à caractère social.
Relativement à l’investissement, des efforts seront davantage consentis pour améliorer leur programmation en Autorisation d’Engagement (AE) et en Crédits de Paiement (CP) pour une meilleure soutenabilité budgétaire, selon Mamadou Moustapha Bâ.
Au niveau sectoriel, l’argentier de l’Etat va notera que les efforts de l’Etat seront davantage concentrés autour des services sociaux de base, de la souveraineté alimentaire, du soutien aux couches vulnérables et aux initiatives locales d’une part, de l’équité territoriale et de la promotion économique, ainsi que de la paix et de la sécurité d’autre part.
A cet effet, la politique de l’Etat sera poursuivie, notamment, pour améliorer l’accès aux soins de santé, à l’éducation, aux services énergétiques adéquats ainsi qu’aux systèmes d’eau et d’assainissement adaptés aux réalités locales.
Le gouvernement sénégalais entend ainsi, maintenir le cap pour relever le défi de la souveraineté alimentaire, à travers la diversification et la modernisation de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
La stratégie nationale de souveraineté alimentaire a connu de ce point de vue, son début d’exécution en 2023 et permettra d’accélérer, à terme, la marche vers la réalisation de cette souveraineté.
S’agissant toujours de la politique de soutien aux ménages les plus vulnérables, il affirme que les mesures de soutien direct déjà initiées seront poursuivies à travers, entre autres, les bourses de sécurité familiale, la couverture maladie universelle, l’appui aux filets sociaux au nom des principes d’équité, de solidarité et de cohésion sociale, pour préserver ces couches vulnérables de la précarité.
Dans le domaine de l’équité territoriale, les mesures spécifiques requises seront prises, en vue d’accélérer l’exécution des différents projets socio-économiques à savoir, l’électrification et l’hydraulique rurale, la réalisation de pistes de désenclavement, d’écoles, d’infrastructures sanitaires et sportives, etc.).
Ces mesures, rappelle-t-on, ont déjà été lancés à travers, notamment, les programmes de développement territorial (PUDC, PUMA, PROMOVILLES, PACASEN, PNDL).
L’EconomisteSenegal