En 28 ans d’existence, le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA),a permis la mobilisation de plus de 21 000 milliards de FCFA au profit des économies de l’Union dont plus de 70% ont contribué à la réalisation d’infrastructures au profit des populations, a révélé Mamadou Ndiaye, conseiller technique au ministère sénégalais des Finances et du Budget.
Prononçant ce jeudi à l’Université Ahmadou Makhtar Mbow de Diamniadio, au Sénégal, l’allocution d’ouverture du ministre sénégalais des Finances et du Budget, M Cheikh Diba, a l’ouverture du colloque du Comité scientifique de l’Autorité des Marchés Financiers de l’UMOA (AMF-UMOA), Ndiaye a précisé que l’Etat du Sénégal a, pour sa part, bénéficié de l’accompagnement du marché financier depuis la création , en1996, du marché financier de UMOA, avec une mobilisation de plus de 1 865 milliards de FCFA dont 410 milliards sous forme de Sukuks.
Toutefois, a-t-il ajouté, il convient de relever que cette dynamique du marché a été portée essentiellement par les titres publics, dont les volumes d’émissions sont passés de 30,242 milliards en 1999 à 1.796 milliards de FCFA en 2023, représentant ainsi 78,5% des émissions totales sur le marché primaire, contre seulement 25,7% au moment de la mise en place du marché.
‘’Cette prépondérance des titres publics est certes salutaire en ce sens qu’elle traduit la volonté des investisseurs du marché financier communautaire d’accompagner les Etats de l’Union dans leur ambition de développement mais, elle cache la faible couverture des besoins du secteur privé, notamment les PME-PMI qui constituent la part la plus importante de notre tissu économique’’, a-t-il déploré.
Selon lui, cette situation soulève ‘’l’impérieuse nécessité d’accélérer les réformes pour accroitre la part de marché du secteur privé’’.
Le colloque du Comité scientifique de l’AMF-UMOA est axé sur le thème « Contribution de la recherche scientifique au développement du marché financier régional pour le financement des économies de l’Union ».
Le marché financier offre ainsi de réelles opportunités d’investissement tant pour le secteur public que privé, grâce à une meilleure mobilisation de l’épargne régionale et la création d’une infrastructure de marché solide et transparente qui favorise la fluidité des capitaux entre les Etats membres.
Cependant, l’interconnexion des marchés financiers à l’échelle mondiale, expose le nôtre aux chocs et crises qui secouent d’autres places financières. Les expériences de la crise des subprimes en 2008 et la récente crise de la COVID-19 en sont les parfaites illustrations.
En effet, la dernière crise financière internationale avait fortement impacté la performance de la BRVM dont l’indice composite avait enregistré un repli de 10,7% en 2008 et 25,9% en 2009, entraînant une perte de valeur significative des investisseurs.
De même, la crise de la COVID-19 avait eu comme conséquence une baisse importante de la capitalisation boursière et du volume des transactions à la BRVM.
Soulignant que l’environnement financier international actuel demeure empreint d’incertitudes avec des répercussions sur le coût du financement externe et interne, il en appelle à des réponses hardies pour renforcer la résilience, la profondeur, la sécurité de notre marché financier et la saine concurrence entre les acteurs.
A cet égard, a-t-il poursuivi, la recherche scientifique, en tant que lumière de la raison et clé de la prospérité, peut apporter une contribution substantielle au développement et à la sécurité de notre marché financier régional.
‘’Nous avons la ferme conviction que la recherche scientifique, avec les mathématiques, les logiciels informatiques dédiés, les modélisations comportementales des individus et des groupes, les techniques quantitatives de gestion des risques, mais aussi les études sur la régulation et l’encadrement des innovations financières, apparait essentielle pour comprendre les complexités et défis de notre marché financier et concevoir des solutions innovantes’’, a ajouté M NDiaye.
Les travaux du colloque comportent deux (02) présentations sur le marché financier régional et les performances de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, deux (02) panels et la présentation de sept (07) articles.
Il a souhaité voir les présentations, discussions et partages d’expérience du colloque, aboutir à des recommandations détaillées et pratiques sur les mécanismes institutionnels et opérationnels à mettre en place pour accélérer le développement du marché financier régional à travers l’exploitation des nouveaux outils technologiques et les innovations financières notamment la blockchain, l’intelligence artificielle (IA), les produits dérivés, etc.
L’EconomisteSenegal
