L’Afrique doit montrer l’exemple en mobilisant les ressources nationales pour se remettre des multiples crises économiques et sociales qui ont aggravé la pauvreté et creusé les inégalités sur le continent, exhorte le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique, Antonio Pedro, mettant en garde que l’Afrique risque de faillir à la réalisation des Objectifs de développement durable.
« L’Afrique est actuellement en tête de la pauvreté dans le monde », déclare M. Pedro aux participants à la 41ème réunion du Comité d’experts qui a débuté, en marge de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique (COM 2023) qui se déroule du 15 au 21 mars à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Pedro met en garde que sans une action financière et climatique audacieuse, l’Afrique se retrouvera dans l’engrenage de la pauvreté. Le continent comptant plus de la moitié des pauvres dans le monde – soit 54,8 % en 2022, a dépassé l’Asie du Sud qui connaît, elle un taux de 37,6 %, tandis que l’épidémie de COVID-19 a plongé 62 millions de personnes dans la pauvreté en seulement un an et 18 millions de personnes y auraient basculé à la fin de l’année 2022.
Pas moins de 149 millions de non-pauvres risquent de basculer dans la pauvreté, affirme M. Pedro, précisant que 695 millions de personnes en Afrique sont soit pauvres, soit risquent de basculer dans la pauvreté.
« Les femmes et les filles restent particulièrement vulnérables, et nous sommes confrontés à un renversement potentiel des gains durement acquis en matière d’équité entre les sexes », indique M. Pedro, ajoutant que « l’Afrique ne peut simplement pas maintenir le cap et espérer que cela aille mieux. Elle doit donner le ton.
Les défis ne sont pas insurmontables si l’Afrique peut mettre en œuvre un changement systémique et construire des systèmes résilients et durables, et s’éloigner de l’efficacité qui a prévalu et dominé ces dernières décennies.
Pedro déclare que les investissements pour constituer durablement des capitaux dans des actifs critiques – y compris humains, infrastructurels et naturels – sont nécessaires pour nous procurer l’environnement qui nous permettra de réaliser les ambitions du Programme 2030 et de l’Agenda 2063. Par conséquent, les gouvernements doivent concevoir des stratégies qui intègrent simultanément des objectifs économiques, sociaux et environnementaux, fait-il remarquer.
« En premier lieu, nous devons financer notre développement », insiste M. Perdo, soulignant que la mise en place des fondamentaux macroéconomiques peut libérer le potentiel de solutions locales.
Néanmoins, déclare-t-il, l’Afrique a encore besoin d’une architecture financière mondiale plus équitable et plus juste qui réponde à ses besoins, et déplore que de nombreux pays ne peuvent actuellement pas accéder aux marchés financiers internationaux en raison de la hausse des taux d’intérêt et des mécanismes d’allègement de la dette existants qui ne fonctionnent pas.
Il souligne que l’Afrique doit poursuivre activement l’industrialisation durable et la diversification économique pour transformer ses ressources naturelles en avantages tangibles pour son peuple. Le développement de la chaîne de valeur des batteries et de l’électricité en est un bon exemple.
« En termes simples, notre richesse en ressources naturelles doit profiter à la majorité et non à quelques-uns. Pour y parvenir, nous devons montrer une volonté dans notre approche, déclare M. Pedro, citant que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) peut accroître le commerce intra-africain.
« Nous devons être au centre de l’action climatique. Bien que nous ne puissions pas ignorer le fait que nous souffrons de manière disproportionnée des effets et du financement du changement climatique, des opportunités importantes se présentent à nous pour rééquilibrer la balance du financement climatique », dit-il.
Les forêts tropicales d’Afrique et le développement de ses marchés du carbone, par exemple, pourraient libérer une valeur estimée à 82 milliards de dollars par an, à 120 dollars par tonne de CO2 séquestrée et créer 167 millions d’emplois supplémentaires.
L’EconomisteSenegal