Le directeur des PME du Sénégal et président de dispositif du soutien des PME/PMI, Seydina Aboubacar Ndiaye, porte un regard optimiste sur l’initiative ‘’mois d’octobre, mois du consommer local’’, de la commission de l’UEMOA. Dans un entretien repris par l’Economiste Senegal,il explique que cet évènement est un « puissant levier de développement de l’Afrique ».
L’Economiste : Quel est le sens que vous donnez au ‘’Consommons Local’’ ?
Seydina Aboubacar Ndiaye : On parle du ‘’Consommer Local’’ ou du ‘’Consommons Local’’, c’est pour dire que le terme est aussi chargé. Mais, nous avons réussi, au niveau de l’UEMOA, à adopter le terme ‘’Consommer Local’’ pour désigner les produits ‘’made in UEMOA’’. Vous y trouverez des produits et services de tous les pays de l’UEMOA. On n’a pas voulu prendre des produits d’un pays en laissant les autres pays. L’UEMOA est dans une approche d’intégration régionale. C’est pourquoi dans le cadre de cette initiative « mois d’octobre, mois du consommer local » on a voulu privilégier des produits locaux qui bénéficient des critères d’origine communautaire. Ces produits locaux peuvent être crus ou des produits qui ont fait l’objet de transformation au sein de l’UEMOA et qui respectent des règles d’origine.
Quel est l’impact direct et/ou indirect du ‘’ Consommer local ’’ sur les PME et l’économie communautaire ?
Le ‘’ Consommer local ‘’ est un instrument de politique économique. Il est à la fois un instrument de développement économique et social. En consommant nos produits locaux et nos services, nous encourageons l’initiative locale. Nous encourageons le développement de notre terroir et de l’économie locale. Et c’est cela qui permet à un pays de décoller. Par le ‘’ Consommer local ’’, on augmente la production, les revenus pour nos producteurs, nos transformateurs et nos commerçants. Lorsque les revenus augmentent, cela va entrainer nécessairement la réduction de la pauvreté, la réduction des inégalités sociales. Et cela va participer à restaurer la dignité chez nos populations, surtout les jeunes qui sont victimes de l’immigration internationale clandestine. On a besoin de retenir les populations sur nos terroirs et pour cela il faut développer le consommer local. Et pour développer le consommer local, il faut transformer, il faut la disponibilité des produits de qualité, parce qu’on ne peut pas forcer les consommateurs à acheter. D’autant plus qu’on est dans un marché qui est ouvert et qu’on a tous des produits, je pense qu’il faut accompagner les PME, les startups à moderniser leurs outils de production, les former aux techniques de transformation, de stockage. Il faut les former aux techniques de vente en présentiel ou par les canaux digitaux pour leur permettre d’être plus compétitives que les autres startups dans le monde. Aujourd’hui dans tous les pays de l’UEMOA, la balance commerciale est déficitaire du fait que nous importons beaucoup plus que nous exportons. Nous ne sommes pas compétitifs. Les crises de la COVID, de la guerre en Ukraine, des crises des produits de base des matières premières, nous amènent à consommer ce que nous produisons. Nos besoins de consommation de masse, il faut que nos pays puissent les produire surplace. Il faut ensuite créer des chaines de distribution de ces produits de base, gérées par les africains eux-mêmes. Quand vous regardez dans nos pays, toutes ces filières sont gérées par les étrangers. L’initiative ‘’mois d’octobre, mois du consommer local’’ vise à donner beaucoup plus de visibilité à nos produits locaux. Il y a tellement de clichés négatifs sur nos produits. Quand, vous prenez le baobab, qui est transformé en jus, en huiles, en produits cosmétiques et en aliments pour les bétails, aujourd’hui avec le baobab de la racine aux fruits, rien n’est jeté comme déchet, tout est transformé. Le ‘’ consommer local ‘’ a atteint un niveau de conscience pour l’Afrique. Aujourd’hui la voie qui est tracée consiste à aller vers la transformation de nos ressources.
Selon vous, pourquoi le ‘’ consommer local ‘’ n’est pas encore rentré dans les habitudes au sein de l’Union ?
Les diagnostics ont montré que, nous avons des consommations extraverties dans tous les pays de l’UEMOA qui ont étouffé nos économies, nos PME ne pouvaient pas vendre parce qu’on pensait que tout ce qui était importé, était meilleur. Alors que, c’est tout faux. Des aliments emballés importés sont remplis de produits chimiques pour être conservés longtemps. Les fruits et légumes importés sont saupoudrés de produits chimiques. Nous avons des produits locaux frais qui sont naturels et très bons pour la santé. Aujourd’hui, les consommateurs africains commencent par s’habiller en tissu local. Nos produits sont de meilleure qualité par rapport aux produits importés qui sont toxiques pour le corps. Nous sommes exposés à des maladies cancérogènes et diarrhéiques. Le consommer local a un impact positif sur la santé de nos populations.
Qu’est-ce qui explique la cherté des produits du terroir ?
Nos produits sont coûteux parce qu’ils ne sont pas faits sur une grande échelle de production. La plupart de nos PME font la transformation manuelle des produits.
Il y a surtout le coût de l’énergie en Afrique. L’énergie est un facteur qui fait qu’on n’est pas compétitif sur le marché. Il y a aussi l’emballage qui est importé de la Chine, de la Turquie. Nos autorités doivent faire en sorte que ces accessoires soient produits sur place. Cela pourrait diminuer le prix de nos objets.
Le Salon des Banques et des PME va se dérouler à Dakar du 1er au 05 novembre prochain. Comment se prépare ce grand rendez-vous des affaires ?
C’est en grande pompe que nous préparons le Salon des Banques et PME de l’UEMOA. C’est une initiative qui réunit et acteurs du public que du privé. Dakar sera le carrefour et le lieu de rencontre du 1er au 05 novembre entre les PME, banques, microfinances, et les banques de développement des pays membres de l’UEMOA pour échanger sur les produits financiers. Nos PME ont beaucoup de difficultés en matière d’éducation financière. C’est une opportunité pour rapprocher les PME au standard des banques, de permettre aussi aux PME de tisser des relations avec les PME sénégalaises. Au Sénégal, nous avons constaté que, la part des PME dans le crédit des banques est de 20% alors qu’au sein de l’UEMOA, le crédit des banques est de 14%. Le Salon des Banques et des PME vient pour rapprocher davantage les PME et les institutions financières (BAD, BOAD).
Les Béninois sont très accueillants. Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier les autorités béninoises pour l’accueil très chaleureux qu’elles nous ont réservé, à moi-même et à ma délégation. Nous avons fait des visites des entreprises comme ATC, des sociétés des boiseries. Tout ceci montre que le Bénin a de la ressource en matière de bois. Le Bénin a opté pour la transformation du bois surplace. J’ai vu les produits finis de cette unité de transformation de bois et je suis agréablement sidéré.