Une mise en œuvre complète de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) au niveau du commerce sectoriel intra-africain, permettra d’ici 2045, d’augmenter les exportations de produits agroalimentaires de 41 %, d’industrie et de services d’environ 40 % et d’énergie/mines de 16 %, a déclaré le Secrétaire Exécutif par intérim de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), M. Antonio Pedro.
Il s’exprimait lors d’une réunion parallèle sur l’industrialisation inclusive et durable comme moteur de résilience, de création d’emplois et de stabilité pour le Sahel, organisée en marge du Sommet de l’Union Africaine sur l’industrialisation et la diversification économique qui se tient du 20 au 25 Novembre, à Niamey, au Niger.
La réunion a été organisée le mardi 22 Novembre dernier par le Gouvernement du Niger, l’Union Africaine, le Bureau sous régional pour l’Afrique de l’Ouest de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), le Bureau du Coordonnateur spécial pour le développement du Sahel et l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
Les objectifs de cet événement parallèle sont essentiellement de présenter un nouveau récit pour le Sahel basé sur les opportunités pour les jeunes et les femmes offertes par l’industrialisation et la diversification économique
Selon Pedro, en Afrique de l’Ouest, y compris dans la région du Sahel, les exportations devraient atteindre 24,0 % dans l’industrie, 23,0 % dans l’agroalimentaire et 11,0 % dans l’énergie et les mines.
« Par conséquent, a-t-il poursuivi, en termes absolus, près des trois quarts des gains des exportations de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique proviendraient de l’industrie ».
Le Secrétaire Exécutif par intérim de la CEA a également affirmé que « la transformation structurelle des économies est l’une des cinq prévisions stratégiques pour atteindre les ODD directement alignés sur l’industrialisation inclusive et durable.
« La transformation structurelle reste l’un des défis majeurs des pays du Sahel avec l’industrialisation comme principal canal pour y parvenir », a assuré Antonio Pedro.
Il a aussi indiqué que huit pays sur les quinze qui constituent la sous-région Afrique de l’Ouest sont sahéliens et face aux défis auxquels le Sahel est confronté, il est extrêmement important d’investir dans l’industrialisation afin de changer le narratif dans cette partie du continent, qui est synonyme aujourd’hui des conflits et besoins humanitaires.
Pour la Ministre de l’Industrie et de l’Entreprenariat des Jeunes de la République du Niger, Mme Salamatou Gourouza, « Nous avons tendance à oublier les jeunes et les femmes. Nous ne pourrons pas atteindre l’industrialisation ou la diversification économique si nous ne les incluons pas dans les chaines de valeur de l’industrialisation ».
« La question de l’industrialisation inclusive dans le Sahel est d’une importance capitale », a ajouté la Ministre de l’Industrie et de l’Entreprenariat des Jeunes de la République du Niger
Quant au Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, Abdoulaye Mar Dieye a souligné la nécessité d’avoir une coalition des industries africaines, en particulier le secteur privé, les petites et moyennes entreprises et les jeunes, comme forces motrices de l’industrialisation au Sahel et en Afrique en général.
Pour Abdoulaye Mar Dieye, « le temps des discours et des conceptions des stratégies est dépassé. Le sommet de Niamey, doit être celui de l’action afin de changer le narratif du Sahel».
Pour sa part, le représentant de l’ONUDI au Sénégal, Christophe Yvetot a déploré la place qu’occupe l’Afrique en matière d’industrialisation.
« Avec 17% de la population mondiale, le continent africain dispose seulement de 3% de la richesse, une situation absurde qu’il faut absolument revoir », a dit Christophe Yvetot.
« Pour sortir de cette ornière, l’industrialisation est le moyen adéquat car en boostant l’industrie à 10%, on diminue la pauvreté de 70% », a expliqué le représentant l’ONUDI au Sénégal.
« L’industrialisation de l’Afrique est possible, il suffit juste d’avoir un leadership, pouvoir accéder à la terre, à l’énergie, créer des pôles agroindustriels, diminuer les barrières et améliorer la gouvernance », a-t-il conclu.
L’économiste Sénégal