« Le Sénégal a atteint l’autosuffisance en oignons, mais il est confronté à des problèmes de stockage et de transformation », assure le ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye.
Lors d’une émission diffusée le dimanche 13 Aout dans une radio privée dakaroise E-media, il a expliqué que la spéculation enregistre des pertes post récoltes très importantes estimées entre 35 et 40 pour cent.
A son avis, le pays produit suffisamment d’oignons, mais le problème c’est le déficit d’unités de stockage suffisantes pour les conserver comme cela se fait dans beaucoup de pays. Donc, a poursuivi le ministre, il se pose un défi de transformation et de conservation.
A ce propos, il a rappelé que le gouvernement sénégalais a lancé un programme d’équipements de 85 milliards FCFA comprenant la construction d’une vingtaine d’entrepôts frigorifiques et une centaine de magasins de stockage.
L’oignon coûte très cher au Sénégal ces derniers jours. Le kilo d’oignons flambe à plus de 1200 F CFA, dans certaines localités du pays.
A la hausse vertigineuse du prix de la denrée, s’ajoute la rareté du produit. Au grand désarroi des consommateurs. Une situation qui incite les autorités officielles à recourir à l’importation de l’oignon pour combler le déficit local.
« Le Sénégal va importer 14.000 tonnes d’oignon entre le 11 et le 25 août, pour parer à la pénurie dont cette denrée alimentaire fait l’objet », a déclaré le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana.
A cet effet, une source proche du ministère a annoncé l’arrivée de 7.000 tonnes d’oignon, vendredi 11 août, et d’autres 7.000 tonnes attendues d’ici au 25 août, afin de réguler le marché.
« C’est une situation cyclique, contre laquelle des mesures sont prises », assure Abdou Karim Fofana, justifiant la spéculation’’ dont les prix de l’oignon font l’objet actuellement. S’y ajoute, selon lui, le phénomène des changements climatiques qui ont fortement impacté les récoltes, causant un sérieux retard des récoltes en Europe.
Et pourtant, le Sénégal a réalisé de réels progrès dans la culture de l’oignon. De 200.000 tonnes en 2012, la production d’oignon sénégalaise est maintenant de 400.000 tonnes par an. Une quantité qui couvre largement les besoins du pays estimés à 380 mille tonnes dans l’année. Un réel paradoxe. Le problème est que tout le monde produit en même temps. Or, il faut échelonner la production. Il se pose alors un problème de déficit d’infrastructures de stockage.
Désormais, le principal défi reste la maîtrise des pertes post-récoltes. Le directeur général de l’Agence de régulation des marchés (ARM), Ansoumane Sané, en convient. Il explique que les pertes post-récoltes constituent la principale difficulté de la filière.
« Le défi pour l’ARM, c’est de faire une régulation par la saisie de stocks », a-t-il rappelé, dans un entretien avec l’Agence de Presse Sénégalaise (APS). Selon lui, cette stratégie est adossée à la « réalisation d’un certain nombre d’infrastructures de stockage, de commercialisation et de chambres froides ».
Cette stratégie devrait également permettre de « conserver la production et d’allonger le temps d’écoulement sur le marché, de créer de la valeur ajoutée, de la richesse et de l’emploi », a-t-il poursuivi.
A son avis, cette stratégie devrait aussi contribuer à améliorer la balance commerciale du Sénégal. « Si on arrive aujourd’hui à implanter un certain nombre d’infrastructures de stockage sur le territoire national, il va y avoir une baisse pratiquement de 7%, équivalant de 7 milliards FCFA sur la balance commerciale du Sénégal’’, a-t-il expliqué.
La création du marché d’intérêt national (MIN) s’inscrit dans ce cadre. D’un coût de 51 milliards FCFA, cette infrastructure doit permettre un rapprochement de la production horticole, surtout au niveau de la zone des Niayes, des zones de consommation comme Dakar.
L’EconomisteSenegal
