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vendredi, avril 25, 2025

Air Sénégal et l’AIBD confrontés à de « graves » difficultés financières, selon un officiel

L’aéroport international Blaise Diagne (AIBD SA) et la compagnie nationale de transport aérien Air Sénégal SA font face à de « graves » difficultés financières qui menaçant leur pérennité et leur capacité à jouer pleinement leur rôle dans l’économie du pays, selon le communique final de la réunion interministérielle  consacrée à ces deux sociétés tenue  ce jeudi  avril   sous la présidence du Premier Ministre, Ousmane Sonko.

Depuis sa création en 2018 après la faillite de Sénégal airlines, rappelle le communiqué, la Compagnie nationale Air Sénégal a bénéficié d’un soutien financier important de l’État du Sénégal à hauteur de 181 milliards FCFA.

Pourtant, précise la source, elle fait aujourd’hui face à une dette dépassant 118 milliards FCFA, après avoir enregistré des pertes successives de 89 milliards FCFA en 2022 et 57 milliards FCFA en 2023.

« Ces exercices ont été marqués par des défaillances managériales et des décisions qui nécessitent des investigations, notamment plus de 100 milliards FCFA dépensés en locations d’avions », souligne le document, ajoutant que le plan d’actions de relance de la compagnie, initié en 2022, n’a finalement été réalisé qu’à hauteur de 5%.

Concernant AIBD SA, le communique final de la réunion rappelle qu’elle est passée de société de projet à société de patrimoine en 2017, puis désignée comme maître d’œuvre de la stratégie du Hub aérien.

« Elle se trouve aujourd’hui dans une situation critique », selon le document, relavant que son budget en 2024 est fixé à 23 milliards FCFA, alors que ses ressources propres ne s’élèvent qu’à 6 milliards FCFA.

Selon le communique, cette dérive s’explique notamment par une explosion des effectifs, passés de 275 agents en juin 2021 à 983 en 2024.

Par ailleurs, poursuit la source, un montant de 200 milliards FCFA issus de la Redevance pour le Développement des Infrastructures aéroportuaires (RDIA), destinés au développement du Hub aérien, ont été consommés à travers des contrats classés secret-défense, dont la justification reste à établir.

Malgré les 470 milliards FCFA engagés (avenants compris), dont 185 milliards déjà payés, le document indique que les résultats demeurent limités : un seul aéroport certifié (Cap Skirring) et plusieurs projets lancés mais non finalisés.

En outre, souligne-t-on, aucune évaluation n’a été faite, dans le sens de la revoyure de la convention de concession liant AIBD SA au concessionnaire de l’exploitation de l’aéroport Blaise de Diagne de Dakar, la société LAS (LIMAK/AIBD/SUMA).

Face à ces difficultés, le Premier ministre Ousmane Sonko a invité le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre chargé du Transport aérien à mettre en œuvre un schéma global d’apurement des dettes d’exploitation d’Air Sénégal envers les créanciers, au plus tard en fin juin 2025, afin de rétablir la confiance vis-à-vis des fournisseurs essentiels et de tous les acteurs de la plateforme aéroportuaire au travers divers mécanismes dont le recours des emprunts.

Il a demande aussi de procéder à un audit complet, mené par les corps de contrôle de l’État, pour établir une situation de référence exhaustive d’Air Sénégal sur les plans opérationnel, financier et organisationnel.

Ousmane Sonko invite aussi à prendre les dispositions nécessaires pour faciliter le recours à un mécanisme d’accordéon accompagné d’une injection de liquidités pour un montant minimal 16,0 milliards FCFA, afin de ramener les fonds propres à zéro et de travailler à un redimensionnement du réseau et de la flotte d’Air Sénégal et partenariats stratégiques.

Il demande aussi aux autorités compétentes de veiller à la création d’une filiale d’Air Sénégal SA dénommée Air Sénégal Express, dédiée aux vols intérieurs et à destination des pays limitrophes. Le capital de la société devra être ouvert au secteur privé national, précise-t-il.

Les mesures relatives à l’AIBD SA portent notamment sur l’audit des marchés existants au niveau de AIBD, a la résiliation des contrats non essentiels, a la mise en œuvre d’un plan social progressif, négocié avec les partenaires sociaux pour rationaliser les effectifs de AIBD SA, à la révision de la convention relative à la gestion, a l’exploitation et la maintenance de l’aéroport international Blaise DIAGNE.

La réunion interministérielle demande aussi aux autorités compétentes de  prendre les dispositions nécessaires pour accompagner AIBD à explorer les mécanismes de financement innovants (PPP, Sukuk, partenariats multilatéraux) pour assurer la réalisation des projets prioritaires tout en minimisant le recours aux financements publics.

Elle invite également au développement du fret aérien en vue de favoriser l’exportation des produits halieutiques, agricoles et artisanaux par voie aérienne, à la finalisation, l’homologation et la certification des aéroports régionaux et a l’achèvement des travaux des aéroports de Ziguinchor, de Matam – Ouroussogui afin de procéder à leur homologation avant leur mise en service opérationnel au plus tard avant la fin de l’année 2025.

Le Premier ministre demande la finalisation des travaux de l’aéroport de Saint Louis pour parachever son transfert à l’ASECNA comme aérodrome contrôlé, au plus tard en septembre 2025.

L’ EconomisteSenegal

 

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